Dix ans après Cayenne, les états généraux du multilinguisme dans les Outre-mer (EGMOM), se sont tenus du 25 au 28 octobre à La Réunion. Organisés par le Ministère de la Culture en partenariat avec le Ministère des Outre-mer et le Ministère de l’Éducation nationale, de la Jeunesse et des Sports, cet événement avait pour objectif de mener une réflexion collective avec des représentants de tous les territoires d’Outre-mer, afin de proposer un cadre politique renouvelé pour les langues ultramarines.
Dans le prolongement de la Déclaration de Cayenne de 2011, les EGM-OM 2021 ont été déclinés en 6 conférences plénières et 16 ateliers sur la place des langues dans l’enseignement, le patrimoine et la création artistique, la vie sociale, administrative et économique. 200 participants issus des collectivités territoriales, de l’administration, des universités et établissements scolaires, du secteur associatif et du monde du spectacle ont pris part à ces échanges.
Mme Bastwya ALI, Directrice du CDAD de Mayotte a été invité par la délégation à la langue française et aux langues de France à animer l’atelier sur la justice au côté de Me Fernande ANILHA, ancienne bâtonnière au barreau de Saint-Denis de la Réunion. Nous avons traité cet atelier sous l’angle de « l’allophonie dans le parcours judiciaire ». Les problématiques de langue dans le cadre judiciaire sont présentes dans tous les territoires d’outre-mer. La commission nationale consultative des droits de l’homme dans son « AVIS SUR L’ACCÈS AU DROIT ET À LA JUSTICE DANS LES OUTRE-MER, ESSENTIELLEMENT EN GUYANE ET À MAYOTTE » en date du 22 juin 2017 cite plusieurs fois Mayotte en exemple pour illustrer les difficultés liées à la barrière de la langue. Après une heure d’échange autour de la question de l’interprétariat, de l’accès au guichet ou encore de la compréhension de la culture par les personnes affectés dans les outre-mer, il a été proposé de :
– Professionnaliser le métier d’interprète
– Sensibiliser les magistrats et autres acteurs de la justice à la culture locale
– Permettre aux usagers d’être accueilli dans au moins une des langues qu’ils pratiquent
– Diffuser les informations juridiques dans toutes les langues pratiquées sur le territoire
La question de la langue se pose au-delà du parcours judiciaire, cela nous interroge sur l’ égalité des usagers au service public de la justice et plus largement à l’ensemble des services publics.
La délégation de Mayotte auprès de Mme Roselyne Bachelot-Narquin, Ministre de la Culture
(de gauche à droite) Me Fernande ANILHA, ancienne bâtonnière au barreau de Saint-Denis de la Réunion et Mme Bastwya ALI, Directrice du CDAD de Mayotte